Cette flâneuse nocturne déambule dans nos villes et, indiscrète, y capture subrepticement les images de nos fenêtres éclairées. Ouvrez les rideaux, nous crie-t-elle, laissez moi voir vos lumières, vos couleurs, votre chaleur domestique. Cela se nomme Tableau d’intimités. Peu de gens dans ses photos, pas de voyeurisme, mais une curiosité pour l’habitat, des architectures, des volets, des croisées, des chambranles, des meneaux, et derrière, des pièces peu distinctes, des étagères, des rayonnages, un rare écran de télévision. De ces vues prises au passage, au gré de ses errances nocturnes, elle se constitue un butin, un trésor, qu’elle recompose et remonte dans des compositions en mosaïque, où ces vignettes lumineuses sortent de l’ombre, imposent leur présence. La maison des autres, c’est son obsession, dit-elle; maison, c’est aussi son nom. Plus attirée par la trace urbaine de l’homme que par son visage, sa démarche flâneuse l’inscrit néanmoins dans la lignée de tous ces marcheurs, du priapisme de dessin de Saint-Aubin aux dérives de Guy Debord, avides de capter les images de la ville.