A l’origine de cette série, il y a une découverte, une révélation, apportée par les dessins de Louise Bourgeois. Ce titre “Femme-Maison” lui appartient donc, je me le suis approprié. Comme un hommage tout d’abord. Comme une raison d’être ensuite.
La “Femme-Maison” est pour moi l’allégorie de la femme contemporaine : émancipée, indépendante, capable de porter/supporter seule son architecture, sa maison, sa vie. Comme beaucoup des femmes d’aujourd’hui, je suis sensible à ce modèle. Pourtant je vis dans une société où des modèles masculins ou traditionnels exercent un pouvoir fort. Je dis modèles mais ils pourraient bien être des clichés. L’homme-pilier. Architecture protectrice, certe, mais qui nous emmure.
Je veux être une “Femme-Maison”. Devenir ma propre cariatide. Incarner la métaphore. Habiter viscéralement mon nom aussi. Je suis après tout une femme Maison. Anne-Laure de son prénom.
Cette démarche, je l’inscris sur les murs. Dans la ville, dans la vie, à la vue de tous. Je revendique ma liberté. Egrener mes collages n’est pas un acte tranquille. Je me défie. Le coeur battant. Cet acte furtif achevé, je ressens pourtant un apaisement, une solidité, comme les murs sur lesquels je pose mon empreinte. Les murs de la ville. Les murs de la vie. Les murs de moi, femme et Maison.