Elle, 2019, pour Emerige (66 rue de Lagny, Montreuil), Françoise Pétrovitch ©Emmanuelle Blanc
Si en 2015 on connaissait déjà le principe du « 1% artistique » dans les bâtiments publics, qui consistait à consacrer 1% du budget de construction à une commande artistique, le président du promoteur immobilier Emerige, Laurent Dumas, a voulu la même année accentuer cet effort financier au service de la création. Son idée : la charte « 1 immeuble, 1 œuvre » qu’il souhaite alors mettre en place sous l’égide également du Ministère de la Culture. Le projet a tout de suite reçu le soutien de la Fédération des Promoteurs Immobiliers de France (FPI France), et voit réellement le jour le 16 décembre 2015, lorsque 13 promoteurs immobiliers signent cette charte ministérielle pour la première fois.
L’objectif premier de cette initiative est clair : soutenir la création artistique et contribuer à la diffusion des arts plastiques auprès d’un large public.
Autrement dit, pour reprendre les mots de Fleur Pellerin en 2015, alors qu’elle était encore en Ministre de la Culture, il va s’agir pour les signataires de décentraliser la culture en la rapprochant de « tous ceux qui, pour des raisons économiques, sociales ou géographiques sont éloignés de la culture ». Depuis 2015, ce séduisant projet en a conquis plus d’un. Au fil des années, de nouvelles entreprises ont en effet fait le choix de rejoindre cette inspirante initiative et d’inscrire la création dans leur démarche RSE. En signant la charte, les entreprises s’engagent à organiser la mise en œuvre de projets artistiques dans le cadre de chacun de leur programmes d’immeubles, et ce partout en France.
Contre, Mathilde Pénicaud, 2010 Pour BPD Marignan (Résidence “Ambiance Canuts”, Lyon)
Aujourd’hui, les acteurs de l’immobilier signataires de la charte sont au nombre de 52. Véritable succès pour cette initiative qui s’inscrit manifestement dans l’idée selon laquelle, a fortiori depuis la crise sanitaire, il est urgent de faire sortir l’art des musées et de le rendre accessible au plus grand nombre, afin de permettre à chacun de “laver son âme de la poussière du quotidien grâce à l’art”, selon l’expression de Pablo Picasso. Parmi les 52 signataires figures des promoteurs, des foncières et des bailleurs sociaux, qui a eux tous ont déjà installé plus de 400 œuvres depuis que cette initiative a vu le jour.
Double frise tête-bêche, 2018, pour Esprimm (Marqueterie de Corian), Daniel Buren @ Adgap 2019
La signature de la charte implique la prise en charge de la rémunération de l’artiste choisi, des coûts de production et d’installation de l’œuvre, sachant que chacune de ces œuvres a la particularité d’avoir été créée par un artiste vivant, pour des budgets s’étalant de 5000 à 150 000€.
Aujourd hui, et depuis 2021, nous accompagnons BNP Paribas Real Estate, l’un des signataires de la charte, dans l’installation d’œuvres digitales et le réenchantement de ces espaces de travail via des expositions évolutives. Après avoir déployé l’art numérique pour certains de ses actifs, dont le 185 CDG, Podium ou encore Porte de France, BNP Paribas Real Estate poursuit son initiative d’art digital ancrée dans l’ère du temps au sein de Métal 57, son nouveau siège à Boulogne Billancourt qui a récemment remporté un MIPIM Award dans la catégorie : Best Refurbished Building..
Ce prix, attribué lors du Marché International des Professionnels de l’Immobilier, met en évidence la nécessité de revoir nos espaces afin de répondre aux défis futurs, qu’il s’agisse de leur conception architecturale ou de leur aménagement intérieur.
Chaque mois, vous pourrez y découvrir une sélection inédite d’artistes venant du monde entier qui explorent, au travers d’œuvres numériques, une multitude de techniques allant de l’art génératif à la 3D, en passant par la photogrammétrie ou encore le collage.
Metal-57
Chez ARTPOINT, l’initiative nous avait séduits très tôt, et dès 2020, nous nous sommes pris à rêver de toutes les œuvres numériques que nous pourrions imaginer dans le cadre de la charte « 1 immeuble, 1 œuvre ». Dans l’ancienne version de cet article, nous vous avions présenté deux artistes, afin que vous puissiez vous aussi vous prendre à songer aux infinies possibilités offertes par le numérique en matière de production artistique. Découvrez Victor Polyakov et Daniel Canogar dont les talents et la qualité des installations pourraient parfaitement s’intégrer à cette initiatives
Artiste et photographe, Victor Polyakov s’efforce d’appliquer son expérience de la photographie en studio à des installations et des sculptures, qui font appel à la lumière comme principal médium. Il travaille ainsi à l’intersection de l’art, du design et de la technologie, et axe plus particulièrement son travail sur l’art public.
Transformant l’espace en un lieu, l’art public est l’un des principaux moteurs à la fois de la formation de la communauté urbaine de l’émergence de “connecteurs” sociaux informels, et de la clarification du code de conception de la ville et de son identité, l’émergence de nouveaux points d’attraction pour le tourisme local et entrant.
Cubed/Uncubed, Victor Polyakov, 2017, Lexus Hybrid Art exhibition.
Sa sculpture d’art public est un cube dont les faces sont délimitées par des formes polygonales, et un autre objet est caché à l’intérieur. Conformément à l’idée de l’art caché, en touchant la surface du Cubed/Uncubed, l’objet peut être “réveillé” – il devient complètement transparent, et ce n’est qu’alors qu’il révèle au spectateur “l’objet caché à l’intérieur de l’objet”. A noter d’ailleurs que l‘objet enfermé à l’intérieur de la sculpture est inspiré par l’art de l’origami.
Daniel est un artiste qui s’intéresse aux possibilités de l’image projetée et à l’art des installations. Il a créé de nombreuses installations artistiques publiques permanentes composées d’écrans LED. Il a également créé des œuvres d’art monumentales publiques sur différents médiums comme une projection vidéo générative projetée sur la façade du Musée du Prado, ou encore une série de vidéo-projections présentées sur divers monuments emblématiques à Rio, à Rome ou encore à New-York par exemple.
Surge, Daniel Canogar
Surge est une sculpture connectée répondant en temps réel à différents flux de données telles que la consommation d’énergie du Moss Art Center et les conditions météorologiques locales. L’œuvre est une véritable sculpture composée d’un ensemble d’écrans flexibles qui se comportent comme un ruban continu qui émerge et disparaît à plusieurs reprises le long du mur. Le contenu vidéo génératif est un ensemble abstrait de particules multicolores qui “courent” le long des écrans.
Un algorithme crée une animation générative qui réagit en temps réel à différents flux de données. Les écrans flexibles de Surge permettent à l’artiste de modeler l’œuvre d’art pour répondre directement à l’architecture d’un établissement. L’œuvre est conçue pour inviter les spectateurs à la contempler sous de multiples angles. Elle est incandescente, illumine l’espace environnant et créée une expérience lumineuse hypnotique en constante évolution.
Surge, Daniel Canogar